Des femmes tuées parce qu’elles sont des femmes

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«Après 30 ans dans ce métier, parfois, je suis un peu découragée», avoue Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.

Le Québec a connu, en décembre dernier, deux drames qui ont toutes les apparences de meurtres conjugaux : la disparition de Christine St-Onge lors d’un voyage au Mexique, puis l’assassinat de Laurie-Anne Grenier, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

En 2018, la forte majorité des 20 femmes et fillettes victimes de meurtres ont été tuées dans un contexte familial, selon une compilation du «Journal».

Cette violence dirigée vers les femmes s’est manifestée cette année par un nombre élevé de matricides, c’est-à-dire de fils qui ont tué leur mère. Au total, 15 victimes ont été assassinées par un proche, dont 8 qui vivaient spécifiquement de la violence conjugale.

Et ce, malgré le mouvement #moiaussi et le regain d’intérêt pour les questions féministes ces dernières années.

«Ce qui me préoccupe, c’est de voir des jeunes hommes de 20 ans qui croient aux mêmes clichés [sexistes] qu’à l’époque de mon père», dit Rémi Bilodeau, directeur général d’À cœur d’homme, un réseau d’accompagnement pour hommes violents.

«Pas d’allure»

Bon an mal an, une douzaine de Québécoises sont tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. «On ne parvient pas à faire baisser ce taux», s’impatiente Catherine Rossi, professeure de l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. Pourtant, les autres types de crime sont en baisse, à l’exception de la cybercriminalité, compare-t-elle.

«Ça n’a pas d’allure qu’il y ait encore autant de meurtres conjugaux», abonde Claudine Thibaudeau de SOS violence conjugale, où le nombre d’appels est «atrocement stable depuis 20 ans».

Pendant ce temps, les maisons d’hébergement pour femmes victimes et les services pour hommes violents débordent.

Les intervenants invitent donc le gouvernement à faire preuve de «volonté politique» et suggèrent des pistes pour s’attaquer aux racines de cette violence.

Plus bas au pays

Reste que tout n’est pas noir, le Québec ayant le taux de meurtres conjugaux par habitant le plus bas au pays, selon un rapport récent de l’Initiative canadienne en prévention de l’homicide conjugal.

D’ailleurs, ce taux a énormément baissé depuis les années 1970, avant d’atteindre un plateau dans les dernières années, rappellent les chercheuses interrogées.

«Il y a encore du travail à faire, mais on va y arriver», dit Catherine Rossi.

Sources : TVA Nouvelles 

Photo : Martin Chevalier